8 sept. 2016

Le Maroc, entre échanges, imaginaires et réalités...


    Avoir l'occasion de voyager dans le monde, hors du continent européen est une chance extraordinaire car il est essentiel dans le parcours d'un jeune géographe. C'est une expérience individuelle mais surtout collective nécessaire à notre apprentissage. En tant que coprésident de l'association de 2015 à 2016, organiser un voyage universitaire de 10 jours dans un pays qui m'était inconnu a été l'occasion d'acquérir certaines compétences comme la gestion d'association et de personnes, la comptabilité et la communication. Bien sur, mon bilan n'est pas parfait, des erreurs d'organisations et de communications ont été réalisées mais elles ont eu le mérite de nous faire mûrir.
    Aujourd'hui, au-delà des souvenirs qui resteront gravés dans ma mémoire, avoir présidé une association et organiser ce voyage représente un atout considérable pour ma carrière professionnelle. C'est pourquoi, je conseille à tous les géographes du Maine de s'investir dans les nouveaux projets de l'AGM, sans la participation de tous ces deux dernières années nous n'auront pas pu voyager tous ensembles. Il est évident que votre participation au projet brésilien des L3 représente un premier pas vers la réalisation de votre propre voyage !

    Je ne peux vous raconter jour par jour et étape par étape notre voyage à travers l'Atlas marocain mais je vais essayer en quelques thématiques de vous faire comprendre les paysages, les enjeux et problématiques étudiées sur place mais aussi les rencontres effectuées tout au long de la traversée.
    Avant de réaliser notre voyage nous avons crée en groupe quelques posters qui nous permettaient d'appréhender le territoire. Des thématiques d'actualité ont été ainsi étudiées comme la transition énergétique au Maroc, les villes nouvelles, l'imaginaire, la problématique de l'eau... Le but de cet exercice était de pouvoir confronter nos recherches préalables au terrain. Exercice intéressant et nécessaire à la préparation d'un voyage pédagogique. Je tiens d'ailleurs à remercier ici, Madame Jeannine Corbonnois, Madame Elodie Salin et Monsieur Vincent Andreu-Boussut pour leur généreuse participation à l'organisation et au bon déroulement de notre périple.

« On voyage pour changer, non de lieu, mais d'idées »
Hippolyte Taine
 




Des échanges




    Notre voyage long de 2 200 km a commencé à Marrakech, ancienne capitale du Maroc, ville reconnue pour sa medina, ses quartiers riches et huppés mais aussi son festival international du rire. Nous y étions d'ailleurs à cette période. Visiter la ville seul est intéressant car nous la découvrons avec tous nos sens, les odeurs et les sons de la célèbre Place Jemaa El-Fna, patrimoine mondial de l'UNESCO sont enivrants et vous emportent dans une ambiance festive. C'est près de cette place que nous avons rencontré un professeur de géomorphologie de l'Université locale accompagné de deux doctorants et des étudiants de licence professionnelle. Grâce à eux nous avons découvert des parties, et des informations sur les formes de la ville. Nos échanges ont également permis de soumettre l'idée d'un futur partenariat entre les deux université autour de la thématique du tourisme.
    Je ne vais pas m'éterniser sur les différentes rencontres plutôt hasardeuses que nous avons pu faire comme le guide improvisé, bien qu'intéressant, qui nous a fait visiter le lieu de fabrication des toiles (malgré qu'il nous ait extorqué pas mal d'argent)...
   
    Beaucoup de marocains, berbères, nous ont offert leur générosité et leurs connaissances le temps d'une visite ou d'un séjour afin de nous faire comprendre leur pays, leur culture. Nous avons rencontré un fabricant de chaussures et de sacs qui ne travaillait qu'à partir de déchets ! Ces produits sont vraiment innovants et solides, j'en ai même acheté pour le démontrer autour de moi. Hormis le salon international du tapis, nous avons aussi rencontré des femmes dans la vallée des roses qui travaillent  la fleur afin de créer des produits cosmétiques. Je garde également un très bon souvenir des guides conférencier marocain qui disposent de certaines touches d'humour très désopilantes. C'est lors de la visite d'un Ksar en pleine palmeraie et de l'école coranique que j'en ai appris le plus sur l'islam. La religion représente pour beaucoup une chance de se réinsérer dans la société, notamment les jeunes. Dans cette école nous avons pu admirer des livres de sciences multi-centenaires, témoins de la sagesse et l'intelligence de tout un peuple qui a permis à l'humanité d'avancer.

    Bien d'autres lieux et personnes ont croisé notre chemin mais dans cet article, je souhaite particulièrement remercier Said, notre chauffeur de bus. Sans lui, ce voyage n'aurait pas été aussi plaisant et surprenant. Il nous a permis d'accéder à des lieux splendides comme le haut des gorges du Dadès ou encore la réserve ornithologique de l'estuaire de l'Oued Souss. Il nous a fait découvrir grâce à ses connaissances du pays, des sites incroyables comme les géomorphosites (les pâtes de singe) et les coutumes locales, ainsi que la musique berbère lors de notre traversée du désert en direction de Zagora et de l'Algérie.

    Toutes ces rencontres ont permis de mettre en place des échanges constructifs et très amusants (#guideconférencierKsar) mais un voyage de jeunes géographes ne peut être parfait sans un peu de surprise, c'est pourquoi je retiens un élément essentiel de ce voyage : l'imprévu !

Imaginaires et réalités

    Chaque individu dispose de ses propres filtres socio-culturels, qu'il est capable de mobiliser pour décrire un pays, un paysage ou même une culture. Nous sommes tous arrivés avec un certain imaginaire du Maroc. Un pays arabe accompagné de clichés comme les pâtisseries, le souk, la pauvreté, l'insalubrité, la forme de l'habitat, la densité, etc. Peu importe leur nature, nous venions au Maroc pour confronter nos idées à la réalité.

    Les paysages marocains étaient déjà majestueux dans mes rêves mais ma rencontre avec eux n'a fait que les embellir. Oscillant entre vallées humides et reg (désert de roches), sommet enneigés et cultures florales ou encore les gorges du Dadès incroyablement raides. Je me souviens d'une journée vraiment spectaculaire. Nous partions de Zagora, aux portes du désert du sahara où nous pouvions observer le vieux croûton africain aux côtés des dunes, pour atteindre Agadir sur le littoral Atlantique. Un voyage d'une journée d'un bus de 18 places, la chaleur régnait et nous assommait mais nous avons eu la chance ce jour de faire plus de 1 000 km et de traverser le Moyen et l'Anti-Atlas, en observant des concordances, des discordances, des anticlinaux et synclinaux, en finissant par les versants envahit par les arganiers...




    Les paysages marocains m'ont le plus marqué, néanmoins, l'urbanisation, l'étalement urbain souvent incontrôlé et non planifié, ou « trop » planifié, m'a également choqué. Il n'était pas rare de voir en sortie de petite ville ou village des centaines d'hectares sans maisons mais avec la chaussée réalisée. Nous pouvions voir également en plein reg des dizaines de lampadaires. Une anticipation sur la croissance démographique ou une étalement non contrôlé ? Prenons l'exemple de Tagahzout, haut-lieu touristique à côté d'Agadir qui connaît une grande opération de construction de logements dit « durables » sur le littoral. Nous pourrions déjà questionner la durabilité d'une telle opération sur le littoral. Je voyais surtout dans cette opération, un coup de communication à l'approche de la COP22 à Marrakech et également une opération de « green-washing », sachant que la place pour les parkings semblait être importante... La construction en bord de mer est une problématique importante du Maroc, vecteur de déchets de toute sorte, elle met en avant un manque de contrôle de l'urbanisation mais peut-être un manque de prévention des risques pour la population. Nous avons vu des maisons dans une crique ayant les pieds dans l'eau, ou les fondation se faisait manger par la mer. Personne ne résiste à l'érosion marine...
    Cette problématique des déchets a vraiment pris une part importante de la fin du séjour à Agadir ! Grâce à nos professeurs,  nous avons eu la chance de rencontrer le bureau de l'association « Surf Rider Fondation Maroc », que je tiens à remercier ici. Cette association lutte pour réduire les déchets sur le littoral et mène des actions jusque dans les écoles et sur le plages pour toucher le maximum de personnes. Bien plus que les déchets, c'est de la préservation de l'environnement dont il s'agit, une dure réalité. Les déchets sont responsables de la disparition de nombreuses espèces animales et végétales, cette association se bat pour limiter ces risques. J'ai ouvert avec eux la possibilité de nouveaux échanges associatifs à l'avenir et un futur voyage au Maroc.


    Afin de mieux comprendre les paysages marocains et notre voyage, je vous laisserai découvrir les nombreuses photos faites par nos soins. Vous pouvez bien sur , venir vers nous pour vous renseigner et nourrir votre curiosité.
    Ce voyage a vraiment représenté un aboutissement de notre licence de géographie en aménagement comme en enseignement. Bien plus qu'un voyage entre collègues, c'est une aventure entre amis !



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Rédaction: Yann FAUCONNIER
Correction: Mylène DENELLE

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